L'histoire de la petite fille qui découvre la fragilité du monde marin à bord du pointu familial.
Découvrez l'article du Sophia Mag sur HY-Plug et son histoire, rédigé par Antoine Guy.
Camille confie les débuts de HY-Plug ainsi que les passions qui l'anime au quotidien.
Merci pour cet article !
"Camille Lopez, Six-fournaise (Var) de 25 ans, team manager et mécanicienne dans l’univers du karting, cavalière de haut niveau, démontre une appétence pour les défis personnels où le carburant se nomme « dépassement de soi » et le comburant « pragmatisme », revendique une préoccupation climatique et s’engage pour la préservation de la biosphère. Cette énumération met en évidence un fil rouge chromosomique : son ADN recèle le gène de la gouvernance. Elle sait tenir un volant, des rênes, comme son avenir. Camille appartient à la catégorie de ceux qui choisissent une destination et se donnent les moyens pour la rejoindre. En 2021, elle crée HY-Plug, acteur maritime de la transition énergétique.
L’histoire débute sur la Méditerranée où la petite fille, à bord du pointu familial, réalise la fragilité du milieu marin, tout en se mesurant aux réalités de la navigation, aux soubresauts d’un moteur capricieux, aux équations marines à contraintes multiples : vents, courants, signalisations... la mécanique océanique, pas toujours fluide, reste un art qui exige anticipation, adaptation, initiative, autant de qualités fourrées dans le havresac de la future cheffe d’entreprise. «Je suis quelqu’un issu d’une formation commerciale mais passionnée par tout ce qui a un moteur», déclare-t-elle avec un sens inné de la punchline. Elle fourbit ses premières armes chez un constructeur automobile, puis décroche un master 2 en management international à l’IUM1. Camille est désormais sur la ligne de départ, et même en pole position.
Une prise de conscience environnementale
L’IUM lui offre de concourir pour le «Mark Challenge», une compétition entre des porteurs de «business plan alliant luxe et innovation». Son intuition lui dicte d’aller enquêter dans l’écosystème du yachting. Elle découvre combien tous ces acteurs, malheureusement pour eux mais heureusement pour elle, restent trop étanches. L’idée d’HY-Plug va germer dans cette tête bien faite. Le yachting motorisé traîne dans son sillage une image lourde comme du gas-oil sur la grande bleue, empreinte carbone, pollutions marines et pratiques de l’ancien monde, celui d’avant le protocole de Kyoto.
Les chantiers navals, les motoristes, les fournisseurs de biocarburant et d’hydrogène,
les responsables portuaires et les acquéreurs peinent à collaborer. Pourtant l’urgence
environnementale les prie quotidiennement de changer leurs pratiques, comme dans
l’aéronautique et l’automobile, d’engager cette transition vertueuse vers la propreté, la
sobriété et la décarbonation. «Forte de ce constat, j’ai créé HY-Plug qui a remporté le Yachting Special Award et le Sustainability Special Award au Mark Challenge 2021. Puis HY-Plug a gagné le Monaco Ocean Protection Challenge 2021 dans la catégorie étudiante, et enfin nous avons intégré le programme d’accélération transfrontalier Marittimo Tech+ organisé par les CCI du Sud-Est, de Corse et d’Italie», annonce Camille, comblée par ces récompenses encourageantes.
Faire bouger les lignes et les pratiques
HY-Plug, se compose d’«HY» pour «hydrogen / electricity» et de «plug» pour la «prise», jolie double métaphore qui connecte autant le navire à une station de ravitaillement que les acteurs du yachting entre eux. La société se définit comme un spécialiste en transition énergétique maritime pour permettre à la filière de se «brancher» sur un corpus de connaissances, sur des recommandations et l’adoption de nouvelles pratiques. «Il s’agit d’accompagner un propriétaire de yacht dans son projet de passage à l’hybride, au biocarburant, à l’hydrogène. Les options sont multiples, en fonction des besoins en autonomie, de la règlementation, pour réduire
intelligemment l’impact environnemental d’un navire», rappelle la jeune femme. Elle s’appuie sur son expérience automobile du kart de compétition et sur des prestataires experts dans ces domaines.
HY-Plug ambitionne de devenir la société de consulting de référence sur un marché encore quelque peu assoupi, qui comme la Belle au bois dormant, ne demande qu’à se réveiller. Le prince charmant, surtout s’il s’appelle Camille Lopez, a des chances très certaines d’y parvenir ! Reste que les autorités portuaires hésitent à investir dans des infrastructures de ravitaillement en énergies nouvelles arguant que la demande côté yacht n’existe pas encore suffisamment, tandis que les propriétaires de navire hésitent à modifier leur motorisation par crainte de ne pas trouver les bons équipements à quai. Pour éviter de sombrer dans une impasse de type «qui de la poule ou de l’œuf ?», HY-Plug délivre une formation en anglais de 3 heures, baptisée
«Sustainability Class», en collaboration avec le Yacht Club de Monaco et qui balaye quatre thématiques : les avantages et inconvénients des différentes énergies alternatives, idem pour les technologies, l’état de l’art de la règlementation et enfin une synthèse sur le concept de durabilité au travers du prisme de la chaîne de valeurs qui s’étend de la production à l’usage. Aujourd’hui, HY-Plug a déjà signé trois clients, preuve de la pertinence du business plan.
Économie et écologie peuvent faire bon ménage
Deux écueils identifiés et sur lesquels Camille ne veut pas se briser : le «Greenwashing». «Passer à l’hydrogène sur un yacht c’est super, mais s’approvisionner ensuite en hydrogène gris sans envisager d’évolution vers une énergie verte n’a pas de sens. Je ne veux pas contribuer à du Greenwashing», alerte Camille, consciente des enjeux. «Il faut se donner le temps d’amorcer et de réaliser cette transition. Cela passe forcément par des solutions partiellement bonnes mais
c’est une étape obligatoire pour devenir plus vertueux», souligne-t-elle. En second lieu, garantir sa neutralité pour rester crédible. HY-Plug n’a pas vocation à s’associer avec un fournisseur spécifique de technologie et peut ainsi recommander en toute
indépendance les bons vecteurs de transition. Une approche rassurante pour les propriétaires. Entre marketing digital, commercial, ingénierie, projet d’expansion à l’international mais aussi le week-end, les compétitions d’équitation et de karting, les semaines de Camille sont denses. Elle avoue «préserver ses neuf heures de sommeil et optimiser l’utilisation de son temps dans ses déplacements pour ne pas gaspiller cette ressource essentielle». Avec son conjoint elle travaille même sur un prototype de kart à hydrogène. Pour quelqu’un spécialisé en sobriété énergétique, le moins qu’on puisse dire est qu’elle dépense son énergie personnelle sans compter pour faire avancer la cause environnementale et... son entreprise."
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